« Continuité de présence : dedans – dehors » avec Aurore Valverde 🗓 🗺

ou comment faire de la place pour la danse de tou.te.s

Du vendredi 27 octobre (soir) au dimanche 29 octobre

Structure résumée du stage

Vendredi 27 : rencontrer, déprogrammer, goûter (2h30)
Samedi 28 : reconnaître, explorer, jouer (6h)
Dimanche 29 : approfondir, savourer (5h30) (+ jam ouverte et indépendante du stage)

Nous partagerons un espace mixte (genres, âges, racialisations, neuro(a)typies, etc.) : Bienvenu.e dans ta singularité ! Si besoin, la facilitation priorisera les personnes potentiellement désavantagées par cette mixité.

Si tu as des besoins spécifiques ou besoin d’échanger avec la facilitatrice, tu peux nous écrire.

Présentation du stage 

Deux jours et demi pour sortir de tes habitudes : celleux habitué.e.s au CI pourront aborder le mouvement et le toucher depuis un questionnement socio-politique précis sur nos actions, nos relations et nos choix ; et celleux plus familier.e.s des préoccupations -voire luttes- sociales pourront construire des ponts immédiats entre convictions intellectuelles et expériences physiques et motrices.

Double focus en cap constant :
1) santé et connaissances anthropo-anatomiques 
2) communication et visibilisation de normes relationnelles.

Ainsi nous irons vers une conscience de soi plus profonde EN MÊME TEMPS QUE celle des autres présences, et allongerons l’horizon des potentiels de nos danses. Nous jouerons en solo, duo, trio et jams, accordant nos instruments-corps pour partager l’espace avec plus de plaisir, liberté et soin… de manières individuelle ET collective, simultanément !

Objectifs 

  • S’émanciper du binaire « m’écouter moi OU écouter les autres »
  • Déconstruire les autres schémas binaires (forte/faible ; lourde/légère ; active/passive ; féminin/masculin ; bouger/penser ; débutante/initiée…)
  • Nourrir ma relaxation dans l’attention et nos joies dans l’étude
  • Affiner la compréhension de mes besoins et limites, être plus claire dans leur manifestation
  • Lire plus précisément mes impacts sur Autrui et l’espace collectif
  • Verbaliser ce que le non verbal ne semble pas transmettre
  • Dépersonnaliser les questions systémiques du relationnel (dans la danse et la communication)
  • Oser lâcher, me tromper, me perdre (voyager ces sensations-croyances)
  • Pouvoir attendre, agir moins ou moins vite, moins fort, moins grand (laisser la place à ce qui vient)
  • Oser chercher et trouver du plaisir dans mes mouvements
  • Grandir en autonomie dans l’improvisation ensemble (ne pas dépendre du toucher)
  • Mutualiser une boîte à outils d’improvisation qui favorise la présence, la conscience et l’équivalence de tous les corps, dans un espace partagé et co-composé à chaque instant.

 

Contextualisation de cette proposition

Le QCI (Queering Contact Improvisation), d’où ça vient et comment ça marche ?

Les ateliers QCI proposent un enseignement horizontal (donc sans hiérarchie
d’expérience ou physicalité), non normatif (hors des codes qui régissent -consciemment
ou non- nos interactions et distribuent des places dans la société) et attentif aux réels
du Danser Ensemble (à l’écoute du phénomène plus que de l’intention).

Le projet QCI naît en 2017 et se partage en stages ponctuels et laboratoires mensuels. Il
ne s’agit pas du recyclage d’une transmission antérieure mais de la création d’un
matériel d’étude et d’expérience. Ses techniques physiques servent le CI en tant que
danse, et les participant.e.s en tant que membres d’un espace collectif. Elles s’adaptent
aux corps présents et tous les « niveaux d’expérience » sont bienvenus.

Le désir qui nourrit la proposition se résume en :

  • Offrir des valeurs plus concrètes au CI pour clarifier l’identité de cette pratique ;
  • Offrir des outils physiques aux communautés de résistance politique et personnes dissidentes, dont les principales préoccupations ont souvent attrait au corps et qui sont pourtant majoritairement privées de ses infinies ressources.

Le QCI offre un espace d’expression pour les personnes qui ont eu une expérience insécurisante ou/et désagréable de la jam ou d’un festival CI ; pour celles qui se sentent trop différentes pour oser venir danser, et pour les personnes qui dansent déjà mais s’ennuient dans les codes implicites que notre pratique reproduit sans les reconnaître.

Par ailleurs, pour tout.e.s celleux content.e.s dans leurs danses et dans la communauté CI, ces ateliers sont une passerelle vers une autre couche de conscience, sans jugement ni victimisation, une lumière sur nos privilèges personnels et structurels. Pour tout le monde, le QCI prétend offrir un espace plus libre et attentif, où développer le plaisir de nos corps avec la responsabilité de nos interactions.

En bref : vivre le personnel et le collectif sur un même plan d’expérience est une possibilité naturelle (gommée par le culturel capitaliste) qui peut s’entraîner et se renforcer… dans la joie!

Aussi, la proposition du QCI est clairement d’ouvrir les espaces d’improvisation, de mouvement et de toucher, à d’autres corps que ceux que nous voyons tout le temps en jam, atelier et festival : considérer les corps d’une autre manière et distribuer l’espace par d’autres dynamiques sont des ponts concrets et immédiats vers l’inclusivité et la diversité dont se targue notre pratique.

Les ateliers QCI ouvrent un espace de verbalisation plus important que la plupart des classes de danse. Nous y tissons les liens entre verbal et non-verbal, affinant nos communications et connexions. Nous cherchons également la continuité-cohérence entre concepts théoriques (parole) et expériences pratiques(mouvement), dans chaque thématique abordée.

Enfin et surtout : ce sont des ateliers de danse, les corps y sont toujours protagonistes et le jeu demeure au cœur de l’improvisation, depuis la singularité de chaque présence et dans le respect de chaque personne.

Vocabulaire : « Queer », « Queer Theory », « Féminisme Décolonial » et « Queering CI »

Le mot Queer est anglais, c’était une insulte homophobe qui a été récupérée par la communauté LGBT(QIA+) vers 1970 ; depuis le vocabulaire a beaucoup évolué pour pouvoir nommer toutes nos diversités. Ce vocabulaire continue de se modifier et faire débat.

En très résumé : si je suis Queer, mon identité de genre ou/et ma sexualité rompt avec le modèle cis-hétero-patriarcal. Le résumé de ces identités est dans l’acronyme (LGBTQIA…). N’hésite pas à te documenter par toi-même pour en savoir davantage !

La Queer Theory est un mouvement social et une pensée politique (on pourrait dire le féminisme Queer). Cette pensée produit des textes d’où sortent tous ces mots en perpétuelle transformation (pour savoir et préciser de quoi on parle), mais elle se base principalement sur l’action et invite à l’activisme. Les droits LGBT+ ont été conquis par la lutte acharnée de personnes Queer Féministes et particulièrement des personnes Trans et des personnes racisées. La politique Queer est donc celle de l’intersection. C’est-à-dire pouvoir croiser les axes d’oppression et de privilège qui nous traversent, au lieu de les mettre en parallèle ou en compétition. (ex. genre, sexualité, classe sociale, ethnicité…)

La motivation première et constante du féminisme Queer est de faire péter les normes. Cependant, le courant Queer est majoritairement blanc, ce qui peut remettre en question ses principes intersectionnels et ses actions hors d’Europe, Amérique du Nord, et Australie.

Le féminisme décolonial est une approche différente mais qui va dans le même sens. Très différente puisque née hors des langages hégémoniques (USA, FR, etc.), donc chaque sujet écrit son histoire. Le féminisme décolonial est aussi intersectionnel, mais il va plus loin : il pose la colonialité comme cause du capitalisme et prouve que la colonisation n’a pas seulement détruit et ravagé, mais qu’elle a aussi exporté une pensée chrétienne sur la planète, qui a directement exterminé les existences non binaires, non hétéro ou juste non mariées, existantes sur tous les autres continents avant les colonies. En d’autre termes, la libération de certaines oppressions ne pourra se faire sans toutes les autres libérations, car il s’agit d’un changement de système complet : le féminisme décolonial est donc aussi Queer. Dans mes ateliers, je m’aligne avec les principes des féminismes Queer et Décolonial.

Le titre du projet Queering Contact Improvisation est le fruit d’une alliance avec Sarah Gottlieb (USA-UK-Espagne) entre 2017 et 2019. En français ça ressemblerait à « Politiser le Contact Impro » ou « mettre du Queer dans le CI » …

Le temps passe, les modes changent et nos réels évoluent avec nos contextes. La réalité Queer paraît moins invisible dans le CI aujourd’hui. Celle du Décolonial demeure absente, car hélas, nous n’avançons pas sur le thème du racisme systémique ; ni dans la société en général, ni dans la danse en particulier. Le QCI (comme le CI) n’a pas de copyright, mais sa définition est un peu plus fermée : nous penser-bouger-toucher dans un contexte co-(dé)construit de rupture et transformation des normes sociales qui nous collent à la peau, quelles que soient notre identité et nos (belles) intentions.

Aurore Valverde

Aurore joue avec le CI pour secouer un peu les espaces « confortables » de danse et
somatique, mettant en miroir pratique et théorie. Le CI est aussi un outil majeur dans ses
interventions sociales auprès de groupes vulnérables (migrant.e.s, personnes survivantes
d’agressions sexistes) ou en alliance avec des collectifs d’identités Queer, racisées…
Formée principalement par Nita Little, Nancy S. Smith, Karen Nelson, Ann Cooper Albright,
Ana Buitrago, Malcolm Manning et Matthieu Gaudeau ; Aurore puise aussi dans les autres
pratiques physiques qui l’ont éveillée avant le CI : Arts martiaux, navigation, équitation… et
tellement de voyages !

Elle était arrivée à la danse, par le théâtre, après 10 ans de travail social et anthropologique
hors d’Europe sur les questions de santé, éducation, migration et environnement ; avec des
passages européens en alternance, en tant qu’activiste antiraciste féministe.

Installée à Barcelona depuis 2019, elle propose des cycles Queering Contact
Improvisation (QCI) chaque année, dans le but d’ouvrir un espace de danse et du toucher dans
un contexte moins normatif, donc plus inclusif. Sa prétention est d’offrir aux communautés
transféministes et antiracistes les outils physiques et tactiles du CI ; et offrir aux espaces de
Contact Improvisation les valeurs Queer décoloniales, pour améliorer leur cohérence entre
principes et comportements.

Le QCI roule sa petite bosse depuis 2017, entre France et Espagne.
Aurore collabore avec d’autres artistes politisées, principalement depuis la danse et le théâtre
physique, dans des ateliers ponctuels et performances en espaces publics.

Elle étudie l’Axis Syllabus et le mêle à ses propres investigations sociales, invitant à
nous réapproprier la science (biologie, anatomie, science physique et réalités motrices, mais
aussi sociologie, anthropologie, Histoire) pour pouvoir habiter pleinement qui nous sommes
et avons envie d’être, indépendamment des politiques immiscées dans les discours
scientifiques sur nos corps, nos santés et nos mouvements.

Depuis 2018, Aurore participe aussi aux pré-organisations d’événements de danse en contexte politisé (ou rencontres socio-politiques par le toucher et le mouvement) Radical Contact
(Suède 2018) + Cuerpxs Polítikxs (Allemagne et Pays Basque 2019, 2020, 21, 22).
En automne 2022, elle co-fonde (avec 3 autres danseuses Queer en Catalogne) La Disidente :
organisation et mise en réseau de jams de CI transféministes, décoloniales et itinérantes.

Infos pratiques

  • Horaires
    • vendredi : 19h – 21h30
    • samedi : 10h-13h puis 15h-18h
    • dimanche : 10h-12h30 puis 14h30-17h30
    • à noter : la jam hebdo des 1001 spirales, le dimanche de 18h30 à 21h
  • Participation demandée à l’ensemble du stage
  • Lieu : MJC Allobroges (1 rue Hauquelin, Grenoble)
  • Tarif : 90€
  • Tu peux nous contacter si les tarifs sont un frein à ta participation
  • Tu peux nous contacter si tu as des besoins spécifiques
  • Hébergement & covoiturage : nous ne garantissons pas de place d’hébergement. Nous mettons en relation les participant-e-s du stage et laissons faire l’autogestion.

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Planifié Calendrier Stages
Grenoble, 1 rue Hauquelin (MJC Allobroges) Carte